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Tanzanie : début d'inhumation pour les 71 morts dans l'explosion du camion-citerne

Tanzanie

La plupart des victimes de l’explosion samedi d’un camion-citerne qui a fait 71 morts en Tanzanie, selon un nouveau bilan des autorités, ont été inhumées dans le recueillement dimanche, autorités politiques et religieuses appelant à tirer les leçons de la tragédie qui a endeuillé le pays.

Lors d’une cérémonie supervisée par le Premier ministre Kassim Majaliwa, les victimes ont été enterrées dans le cimetière de Kola, situé à moins de 20 minutes de route du lieu de la catastrophe.

Des prélèvements ADN ont été effectués sur la grande majorité des corps inhumés à l’exception de cinq d’entre eux qui ont pu être facilement reconnus par des proches. Les autorités n’ont pas précisé le nombre exact de victimes enterrées dimanche.

Chaque cercueil blanc a été déposé dans une tombe par des éléments des forces de l’ordre, avant que des responsables religieux musulmans et chrétiens prient brièvement pour le repos de leur âme et ne jettent une poignée de terre dans chaque tombe.

“Ceci doit nous laisser une leçon: quand il y a un accident de ce genre, nous devons nous tenir à l‘écart et laisser les secours faire leur travail”, a plaidé Mechak, un pasteur de l’Eglise pentecôtiste des Assemblées de Dieu, lors de la cérémonie retransmise en direct à la télévision.

Le pasteur a suggéré aux autorités de “sensibiliser l’opinion en ce sens”.

Une habitante, Lucia Devota, a expliqué en larmes pourquoi elle avait tenu à être présente à la cérémonie.

“Que Dieu te guérisse”

“Personnellement, je n’ai perdu aucun membre de ma famille, mais j’accompagne une voisine qui a perdu son frère. Ici, dans presque chaque famille, c’est le deuil. Mais espérons que cela ne se reproduira plus. Je suis allée à l’hôpital. A la vue des blessés, j’ai tremblé de tout mon corps. Ils étaient brûlés comme des morceaux de viande”, a-t-elle déclaré.

Selon un dernier bilan communiqué par le Premier ministre lors de la cérémonie, “pour le moment, le nombre de morts s‘élève à 71 tandis que le nombre de blessés est de 59, dont 43 à l’hôpital national à Dar es Salaam”.

Un précédent bilan du gouvernement faisait état de 69 morts, essentiellement des conducteurs de moto-taxis et des badauds venus siphonner le carburant qui s‘écoulait du poids-lourd accidenté alors qu’il tentait d‘éviter une moto selon des témoins.

Les faits se sont déroulés samedi matin sur la commune de Msamvu, dans l’immédiate périphérie de Morogoro, un ville située à quelque 200 km à l’ouest de la capitale économique Dar es Salaam, sur l’un des principaux axes routiers du pays.

Devant l’ampleur de la catastrophe, le président John Magufuli a décrété un deuil national jusque lundi inclus.

Il s’est rendu dimanche au chevet des blessés soignés à l’hôpital national de Dar es Salaam, où ils avaient été transférés par route ou par hélicoptère depuis Morogoro.

“Que Dieu te guérisse”, a dit le chef de l’Etat à chacun des 43 blessés, dont certains dans un état très sérieux selon les médecins qui accompagnaient M. Magufuli.

Le Premier ministre a par ailleurs annoncé la mise en place d’une commission d’enquête pour établir si une ou des institutions avaient manqué à leurs responsabilités dans la gestion de cette catastrophe.

“Arrêtons cette habitude”

“Pendant que nos compatriotes maintenant décédés se rassemblaient pour siphonner le carburant, quelqu’un les en a–t-il empêchés?”, a interrogé le Premier ministre.

“Moi, je sais que normalement, en cas d’accident, la police de la sécurité routière vole au secours” des sinistrés, a poursuivi M. Majaliwa, se demandant également si les pompiers étaient intervenus à temps.

Ce type de tragédie n’est pas rare sur le continent africain. Début juillet, dans le centre du Nigeria, au moins 45 personnes étaient mortes et plus de 100 blessées lors du pillage par la population d’un camion-citerne accidenté qui avait explosé.

La citerne avait pris feu lorsqu’un autocar chargé de passagers avait tenté de passer: son pot d‘échappement, en raclant le sol, avait provoqué des étincelles qui avaient enflammé le carburant.

Pour la tragédie de samedi près de Morogoro, c’est un homme qui tentait d’arracher la batterie qui est peut-être à l’origine de l’embrasement du carburant répandu au sol, selon le gouverneur de Morogoro et un témoin.

Le président John Magufuli s‘était dit samedi “très choqué que les gens se ruent sur des véhicules accidentés pour piller leur cargaison”. “Arrêtons cette habitude, je vous en prie”, a-t-il demandé.

En 2015 au Soudan du Sud, à Maridi (300 km à l’ouest de Juba), une catastrophe similaire avait fait au moins 203 morts. En 2010, 292 personnes avaient perdu la vie dans l’explosion d’un camion-citerne à Sange, dans l’est de la République démocratique du Congo.

AFP

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